L’histoire du Canada comme vous ne l’avez jamais vue!
Un homme en or
Je travaille avec la Société d’histoire depuis maintenant plus de six ans, et j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux professionnels de l’histoire. Mais lorsque j’ai commencé à écrire cet article, j’avais oublié à quel point les conservateurs de musée sont des raconteurs hors pair. Récemment, j’ai rencontré Paul Berry, conservateur en chef du Musée de la monnaie de la Banque du Canada, à Ottawa.
Sa dernière exposition s’intitule Des pièces et des promesses et repose en grande partie sur les découvertes des fouilles archéologiques de Ferryland, à Terre-Neuve. Ferryland était une colonie habitée par 12 personnes en 1621. Cet endroit était le coeur de l’industrie transatlantique de la pêche à la morue dans les années 1600.
Site archéologique à Ferryland (Terre-Neuve)
Jusqu’à ce qu’éclate la crise financière de l’automne 2008, la plupart des gens pensaient peu à la nature des banques et au rôle que ces institutions ont joué dans nos vies. Des pièces et des promesses est une exposition intemporelle, car elle explore ce que serait notre société s’il n’existait aucune autorité financière, comme la Banque du Canada. Comment une communauté détermine-t-elle combien de morues valent un boisseau de foin? À qui doit-on s’adresser pour changer un document valant une somme X d’or ou d’argent et qu’il n’y a pas d’or ou d’argent en circulation?
Paul m’a raconté que lorsqu’une société n’a aucun approvisionnement de monnaie fiable, elle doit se tourner vers ce qui lui tombe sous la main. Ses choix en disent long sur sa population et son environnement. N’importe quel objet peut devenir une monnaie d’échange : des coquillages, des perles de verre, des grains de cacao, du papier et du métal. Même les dents ont de la valeur, et pas seulement pour la fée des dents!
Les artéfacts trouvés à Ferryland viennent de très loin : d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. Leur présence nous prouve que les routes commerciales existaient déjà, et que les gens parcouraient de grandes distances, quittant leur communauté et leur culture pour s’adonner au commerce. Si le climat ou les obstacles géographiques empêchaient d’envoyer la monnaie officielle vers les colonies, alors les colons devaient faire preuve d’imagination!
L’aventure personnelle de Paul en tant que passionné de la monnaie a débuté dès l’âge de six ans. Il visitait sa grand-mère britannique, un après-midi, et elle lui donna une pièce d’un demi-penny britannique de 1911 qui traînait dans la maison. Il était fasciné : c’était la première fois qu’il voyait une pièce où ne trônait pas le visage de la reine Elizabeth II. On y voyait plutôt le portrait d’un homme (le roi George V) et sur l’autre face, une femme brandissant un trident et un bouclier. La pièce était tordue et rouillée, elle n’avait pas le brillant des autres pièces.
Lorsque sa mère arriva, il lui montra la pièce et elle dit : « Eh bien, si tu aimes ce genre de choses, tu devrais écumer le fond de tous mes sacs à main. » (sa maman avait de nombreux sacs à main).
Ce qu’il fit! Il découvrit des pièces de partout dans le monde. Même des pièces d’Afrique du Sud, où son père avait combattu lors de la Guerre des Boers. « Mon père et elle ont traversé tout le Canada après la Seconde Guerre mondiale, ce qui lui a permis d’accumuler de nombreuses pièces très différentes. »
Lorsque sa famille eut vent de son amour pour la monnaie, chacun lui donna toutes sortes de pièces inhabituelles. « C’est ça la beauté de la monnaie, explique Paul. Tout le monde a de la monnaie qui traîne dans des tiroirs et de vieux greniers, car on ne jette jamais l’argent, même s’il est considéré sans valeur. »
À partir de ce moment, il rencontra des gens qui pouvaient lui en apprendre davantage sur la monnaie, lui raconter les légendes et caractéristiques des pièces qu’il détenait et lui expliquer leur importance à l’époque où elles avaient été produites. Paul était devenu un véritable fanatique.
Avec un tel intérêt pour les histoires qui se cachent derrière les pièces de monnaie, pas étonnant que Paul, après sa journée de travail en tant que conservateur du musée, consacre ses temps libres à d’autres associations numismatiques et dédiées à l’histoire afin d’échanger avec d’autres collectionneurs passionnés de pièces de monnaie, de jetons ou de monnaie de papier.
« Je suis un homme heureux : je suis payé pour m’adonner à ma passion, dit-il. Et j’aime beaucoup parler aux autres. Les pièces de monnaie sont en soit une forme de communication, elles ouvrent une porte sur un autre monde et nous permettent d’en apprendre davantage sur les cultures et les gens, sur les époques au cours desquelles ils ont vécu et les obstacles qu’ils ont dû surmonter. »
Est-ce que cet article ne vous donne pas le goût d’aller fouiller dans votre vide-poche?
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