L’histoire du Canada comme vous ne l’avez jamais vue!
La réconciliation par la revitalisation
APERÇU
Cette leçon correspond à l’article « La Grande Terre, le Kajak et la reconnexion! » de Lisa Jane Smith, qui commence à la page 24 de la publication Souvenons-nous des enfants. Dans cette leçon, les élèves exploreront les concepts d’appropriation culturelle et d’appréciation culturelle. Les périodes de discussion donneront aux élèves l’occasion de comprendre la différence entre le fait d’apprécier les expressions et activités culturelles des Autochtones et de s’approprier ces formes d’expression pour leur propre usage ou profit. Les élèves se pencheront sur des peuples ou des groupes autochtones contemporains pour comprendre la façon dont ils revitalisent et font connaître des aspects de leur culture dans le cadre du processus de réconciliation.
CONTEXTE
Trop souvent, la culture est définie par les vêtements, les aliments, la musique, la danse et l’art, qui sont des formes d’expression visibles de la culture. Cependant, la culture est un concept bien plus profond qui englobe les structures sociales, politiques, spirituelles, religieuses et économiques. La culture désigne la façon dont un peuple définit son savoir et ses façons d’apprendre. Les gens vivent en fonction de valeurs et de principes différents. Vous trouverez ci-dessous des exemples de caractéristiques culturelles communes aux Autochtones (il importe de souligner qu’il existe de nombreuses nations autochtones au Canada qui ont leurs propres façons d’apprendre, de vivre et de faire).
FAÇONS D’APPRENDRE |
FAÇONS D’ÊTRE |
VALEURS ET PRINCIPES |
Du territoire |
Égalité pour toutes choses (plantes, animaux, minéraux et êtres humains) |
Aînés et ancêtres |
Savoir commun |
Relationnel |
Respect pour toutes choses |
Par la tradition orale |
Échanges |
Protocoles culturels |
Par la prière, les visions et les rêves |
Holistique (esprit, corps, émotions) |
Gratitude |
Remarque : les Autochtones tendent à traiter les choses de manière holistique; ces concepts sont donc souvent interreliés.
L’appropriation culturelle est le vol de la culture d’un peuple au bénéfice d’une personne n’appartenant pas à cette culture. La culture colonialiste, ou occidentale, considère les objets comme des possessions et une société capitaliste repose sur les produits ou marchandises. Les histoires, les formes d’art, le savoir, les objets et les pratiques culturelles des Autochtones sont depuis longtemps utilisés (appropriation sans permission) pour obtenir un gain économique ou pour divertir les autres. Certaines personnes non autochtones veulent participer à la culture autochtone ou utiliser les objets propres à cette culture (comme les contes, les tambours et les danses) sans cependant les comprendre réellement et sans connaître leur histoire. Trop souvent, les objets de la culture autochtone sont définis à partir d’une vision occidentale, ce qui évacue entièrement les protocoles, les valeurs et les traditions autochtones, et contribue à l’objectification ou la banalisation de ces objets.
Les contes autochtones appartiennent aux peuples autochtones. Une histoire peut appartenir à une famille, à une communauté ou à une nation. L’autorisation de raconter cette histoire doit être accordée et il existe un protocole culturel pour reconnaître la personne ou la nation d’où provient l’histoire. Cela s’applique également aux histoires personnelles. Devrait-on raconter l’histoire d’une autre personne sans obtenir sa permission au préalable?
En raison des lois et des politiques de colonisation, comme les pensionnats autochtones, les peuples autochtones ont été réduits au silence. De nombreux peuples autochtones tentent de revitaliser leur culture. L’histoire du kajak en est un bon exemple. La réconciliation doit en partie viser à redonner une place aux Autochtones pour faire ce travail de revitalisation. Les Non-Autochtones peuvent apprendre des cultures autochtones et appuyer leurs efforts de revitalisation comme ils le peuvent.
ACTIVITÉS
PARTIE 1
Demander aux élèves de définir les termes appropriation et revitalisation, et d’en discuter.
Appropriation : S’attribuer la propriété de quelque chose pour son propre usage, généralement sans l’autorisation du détenteur (définition inspirée du Petit Robert)
Revitalisation : Faire revivre, redonner de la vitalité à quelque chose (définition inspirée du Petit Robert)
Pour donner un sens personnel à ces termes, vous pouvez donner les exemples suivants :
- Un élève a pris le poème d’un camarade et l’a remis à l’enseignant comme s’il s’agissait de son propre devoir, sans demander l’autorisation à l’auteur du poème (appropriation).
- Vous entendez votre grand frère raconter à plusieurs personnes une histoire à votre sujet que vous ne l’avez pas autorisé à raconter. Cette histoire était privée, entre vous et votre frère, et ne devait pas être partagée avec d’autres personnes (appropriation).
- Vous trouvez un vieil uniforme de meneuse de claques de votre mère lorsqu’elle fréquentait l’école. Votre école n’a pas d’équipe de meneuses et de meneurs de claques, alors vous décidez de confectionner de nouveaux uniformes et d’apprendre certaines des chorégraphies de l’époque en interrogeant d’anciennes meneuses de claques. Vous formez un groupe pour présenter des chorégraphies lors des événements sportifs de l’école. (revitalisation)
- Un nouvel élève de l’école parle l’ukrainien. Votre mère est Ukrainienne, mais ne parle plus la langue. Après avoir fait connaissance avec le nouvel élève, ce dernier vous propose de vous apprendre sa langue. Vous commencez à apprendre l’ukrainien et vous l’enseignez également à votre famille. Vous consultez des sites Internet pour apprendre de nouvelles phrases. (revitalisation)
Demandez aux élèves de regarder diverses œuvres d’art produites par des artistes autochtones du Canada. Vous pouvez utiliser des illustrations dans des livres ou composer une série de diapositives. Demandez-leur de dire ce qu’ils observent et ressentent en regardant ces œuvres.
Par exemple, regardez les œuvres de Norval Morrisseau (Ojibwe) dans le style des forêts de l’Est, ou les œuvres de Roy Henry Vickers. Morrisseau qualifie son style de « rayon-X », puisqu’il représente l’intérieur et l’extérieur de l’objet illustré. Vickers utilise souvent des « images fantômes » superposées pour ajouter de la profondeur à son œuvre, raconter une histoire et illustrer un mythe.
Demandez aux élèves ce que cela signifie d’apprécier l’art autochtone. Demandez-leur ce que cela signifie de s’approprier l’art autochtone.
Soulignez aux élèves qu’ils ne sont pas autorisés à copier l’œuvre d’art ou le style. Mais ils peuvent s’en inspirer. Ils peuvent être inspirés par Roy Vickers et la façon dont il crée ses silhouettes. Ils peuvent en apprendre davantage sur Vickers et sa culture et expérimenter avec son style sans recopier son travail. Ou ils peuvent s’inspirer de Norval Morrisseau et faire un exposé en classe sur son travail et son incidence sur l’art autochtone au Canada.
Remarque : l’inspiration s’applique également aux histoires et à d’autres formes d’expression créative.
PARTIE 2
Demandez aux élèves de définir la revitalisation (la restauration de ce qui a été négligé ou endommagé). Ensuite, demandez-leur pourquoi la revitalisation des cultures et des histoires autochtones est si importante pour de nombreux peuples autochtones (vous pouvez aborder les concepts d’identité, de connexions, de droits inhérents, d’autodétermination, etc.).
Expliquez aux élèves la façon dont de nombreuses personnes et de nombreux artistes visuels autochtones (comme ceux décrits dans l’article « La Grande Terre, le Kajak et la reconnexion! » revitalisent leurs cultures grâce à l’expression culturelle. Par leurs actions et leur travail, ces intervenants ne font pas que revitaliser leurs cultures, mais ils transmettent aux autres l’essence de ces cultures et de ces histoires. Demandez aux élèves de faire une recherche sur des Autochtones qui agissent pour revitaliser les cultures autochtones. Les élèves peuvent ensuite présenter le fruit de leur travail dans le cadre de discussions en petits groupes, d’un exposé ou d’une réflexion écrite.
Quelques exemples d’Autochtones qui revitalisent leur culture :
- Snotty Nose Rez Kids — groupe de rap Haisla
- Buffy Sainte-Marie — musicienne crie
- Leah Dorian — autrice et illustratrice métisse de livres pour enfants
- Kent Monkman — artiste cri
- Natalie Coutou — artiste graphique micmaque et entrepreneure
- Christi Belcourt — artiste métisse
- Germaine Arnaktauyok — graveuse, peintre et dessinatrice inuite
- Ostoro Petahtegoose — artiste multimédia anishinaabe et non binaire
- Richard Van Camp — auteur Tłı̨chǫ Dene
- Alan Syliboy — artiste micmac
- Lance Cardinal — artiste et designer cri
Remarque : Les élèves peuvent choisir des personnes d’origine autochtone qu’ils connaissent. Il peut s’agir d’artistes visuels, d’artisans, de danseurs ou d’athlètes qui viendront en classe pour parler de la façon dont ils revitalisent leur culture.
CONCLUSION
Cette leçon peut être enrichie afin de permettre aux élèves d’explorer d’autres formes de revitalisation de la culture autochtone. La langue est essentielle à la revitalisation des cultures autochtones, puisque la langue est un moyen d’exprimer cette culture et la réalité du peuple qui la parle. Les élèves pourraient apprendre quelques mots ou phrases d’une langue autochtone locale (en obtenant la permission au préalable, puisque certains groupes autochtones considèrent leur langue comme étant sacrée et demandent que l’on obtienne leur permission pour la parler en public).
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