L’histoire du Canada comme vous ne l’avez jamais vue!
Transmetteurs en code cri
Niveau : 3/4, 5/6, 7/8
Sujet : Sciences sociales, langues
Cette leçon est inspirée de la vidéo de Parcelles d’histoire « Feu de broussailles ».
Aperçu de la leçon
Cette leçon est inspirée de la vidéo Parcelles d’histoire intitulée « Feu de broussailles ». Dans cette vidéo, vous découvrirez l’olympien de 1908, Tom Longboat, et en apprendrez davantage sur sa participation à la Première Guerre mondiale. Longboat est considéré comme l’une des plus grandes célébrités du monde du sport au Canada en raison de son immense succès en Amérique du Nord et à l’étranger. Bon nombre des méthodes d’entraînement à la course d’endurance employées aujourd’hui sont inspirées des techniques développées par Tom Longboat.
Dans cette leçon, les élèves exploreront des histoires moins connues sur les Autochtones du Canada, notamment celle des transmetteurs en code cri pendant la Seconde Guerre mondiale. On demandera ensuite aux élèves de résumer et de comparer les deux histoires.
Qui étaient les transmetteurs en code cri et quelle était leur fonction?
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le cryptage et les messages codés étaient jugés essentiels pour gagner la guerre et les deux parties au conflit y avaient recours. Il fallait utiliser un système impossible à décoder par l’ennemi afin de tenir secret les positions militaires, l’emplacement des munitions et les plans opérationnels lors de la transmission des messages. Le gouvernement canadien a trouvé une solution futée pour coder les messages des puissances de l’Axe. En effet, le gouvernement faisait appel à des hommes cris qui participaient à l’effort de guerre au moyen de leur langue : on les appelait les transmetteurs en code cri. À l’époque, le cri était une langue méconnue hors de l’Amérique du Nord. Sur le théâtre de guerre européen, la transmission des messages radio dans une langue rare était une technique éprouvée pour communiquer des messages impossibles à décoder.
Les Cris appellent souvent leur langue Nehiyawewin. Cette dernière comprend cinq grands dialectes parlés sur toute l’Île de la Tortue. Les cinq dialectes sont les suivants :
- Cri des plaines (appelé dialecte Y)
- Cri des régions boisées (appelé dialecte TH)
- Cri des marais (appelé dialecte N)
- Cri de Moose (appelé dialecte L)
- Cri atikamekw (appelé dialecte R)1
Ces dialectes sont encore parlés aujourd’hui en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, en Ontario et au Québec. Il est important de savoir distinguer les petites ou grandes différences entre ces dialectes. Lorsque les transmetteurs en code cri se rassemblaient pendant la guerre pour coder des messages, ils se retrouvaient avec des locuteurs de ces différents dialectes, rendant la tâche plus complexe. Cette difficulté n’était pas exclusive aux transmetteurs en code cri.
Qui étaient les transmetteurs en code cri? Quelles autres langues employait-on?
Le front européen n’était pas le seul endroit où l’on utilisait les Autochtones et leurs langues. Le gouvernement américain a également fait appel aux Autochtones dans le cadre de l’effort de guerre, notamment au peuple Navajo et à sa langue lors des conflits dans le Pacifique.
Charles Tomkins, un transmetteur en code cri métis de Grourd, en Alberta, a participé à ces opérations secrètes alors qu’il était déjà dans l’armée. Il a été choisi pour une opération visant à coder les messages destinés aux forces aériennes en raison de son excellente connaissance de l’anglais et du cri. Ses parents lui avaient enseigné le cri à un très jeune âge et la langue est restée très importante au sein de sa famille. On avait évalué ses aptitudes dans la langue cri à Londres, en Angleterre, avant qu’il ne se rende au front.
Les transmetteurs en code cri devaient s’engager à garder le secret pendant et après leur participation à la Seconde Guerre mondiale. Par conséquent, de nombreux transmetteurs en code cri étaient inconnus du public. Avant sa mort, Charles Tomkins a évoqué plusieurs personnes qui ont participé à ce programme secret, dont Walter McDermott, Peter Tomkins (le frère de Charles), John Smith (le demi-frère de Charles) et Archie Plante (l’ami de Charles). Il importe de souligner que ces personnes étaient originaires du même territoire que Charles et parlaient le même dialecte.
Leur technique de cryptage était-elle efficace?
La réponse simple? Oui! Les transmetteurs en code cri, ainsi que ceux qui parlaient d’autres langues autochtones, comme l’ojibwe, le comanche et le navajo, ont réussi à crypter des messages sans être découverts. Bon nombre des transmetteurs en code cri devaient crypter des messages visant des bombardements et des missions aériennes.
Les difficultés éprouvées par les transmetteurs en code cri
Les pensionnats de l’Île de la Tortue étaient déjà bien implantés avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Les enfants autochtones étaient envoyés dans ces écoles, souvent très loin de leur territoire d’origine et de leur communauté, et obligés de se conformer aux traditions européennes. On les a assimilés de force, en remplaçant leur culture et leurs langues autochtones par l’anglais et le français, et des modes de vie non autochtones.
On ne soulignera jamais assez les répercussions des pensionnats sur les peuples autochtones du Canada. Dans le cas des transmetteurs en code cri, on peut très bien voir les effets intergénérationnels de ces pensionnats sur le peuple cri et sa langue. Ces efforts d’assimilation ont fait en sorte que le cri est devenu une langue rare vers la moitié du 20e siècle. La raison même pour laquelle les transmetteurs en code cri ont eu autant de succès, soit la rareté de leur langue, était un résultat direct des politiques d’assimilation du gouvernement canadien et de son réseau de pensionnats.
Au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Autochtones restent en retrait, puisque bon nombre des traités stipulent qu’ils ne sont pas tenus de se battre pour défendre la Couronne britannique. Mais cette garantie n’est pas réaliste pour certains Autochtones qui doivent subvenir aux besoins de leur famille. Le chômage en incitera plusieurs à joindre les rangs de l’armée. De nombreux vétérans autochtones, et non pas uniquement des transmetteurs en code cri, ont admis qu’ils avaient choisi de combattre pour obtenir des non-Autochtones canadiens de meilleures conditions après la guerre. Mais cela ne s’est jamais concrétisé. Pendant les années qui ont suivi la guerre, de nombreux Autochtones se sont sentis négligés et oubliés par la société pour laquelle ils avaient combattu, un sentiment qui a perduré au fil des décennies. Le gouvernement canadien n’a reconnu l’apport des transmetteurs en code cri qu’en 1963, lorsque les dossiers ont été rendus publics. Les transmetteurs en code cri restent encore méconnus, malgré le rôle crucial qu’ils ont joué pendant la Seconde Guerre mondiale.
Activité 1
La langue cri ne comprend pas de termes très précis pour désigner des objets utilisés pendant la guerre. Les transmetteurs en code cri ont donc dû faire preuve de créativité lorsqu’ils cryptaient des messages dans leur langue. Ils devaient ainsi repenser leur langue et ajouter du contexte pour étoffer certains mots. Il faut également souligner que différents dialectes font appel à des termes ou à une orthographe différents pour désigner le même objet. Dans cette activité, on utilisera le dialecte des plaines (dialecte Y). Vous devrez jumeler les mots qui décrivent le mieux l’objet désigné en français. Vous pouvez télécharger chaque photo au moyen du lien fourni.
Example:
Mosquito — sakimes Explosion — pahkitewaciy
Jumelés ensemble pour désigner le chasseur bombardier ou le bombardier Moustique — Sakimes pahkitewaciy
Enseignez à vos élèves les mots suivants :
- Et — Ekwa
- Un(e) — Peyak
- Deux — Niso
- Trois — Nisto
- Quatre — Newo
- Cinq — Niyanan
- Six — Nikotwasik
- Sept — Tepakohp
- Huit — Ayinanew
- Neuf — Kikamitataht
- Dix — Mitataht
Demandez à vos élèves de composer les éléments suivants :
- 3 Spitfire
- 5 Mustangs
- 1 bombardier Moustique
- 2 avions Spitfire
Notez que ces « phrases » ne doivent pas forcément être exactes sur le plan grammatical. Le but de l’exercice est de faire découvrir la langue cri à vos élèves et son contexte par rapport au français. C’est également une belle occasion d’introduire la numérotation en cri dans votre enseignement de tous les jours!
Activité 2
Demandez aux élèves de produire un sommaire (5 à 7 phrases) de ce qu’ils ont appris. Assurez‑vous que le résumé fait référence à la mission des transmetteurs en code cri, aux lieux où l’on parlait le cri sur l’Île de la Tortue et au succès, ou non, des transmetteurs en code cri. N’hésitez pas à lancer une discussion sur l’utilisation de la langue et sur les difficultés éprouvées par de nombreux Autochtones à cette époque en ce qui a trait à l’utilisation de leur langue.
Activité 3
Demandez à vos élèves d’approfondir leurs recherches sur Tom Longboat et les transmetteurs en code cri. Demandez-leur de résumer leurs recherches dans une courte réponse écrite visant à comparer les expériences de Tom Longboat au début du 20e siècle, son rôle pendant la Première Guerre mondiale et en tant qu’athlète, et celles des transmetteurs en code cri vers la moitié de 20e siècle, avant et après la Seconde Guerre mondiale.
Posez les questions suivantes à vos élèves :
- En quoi sont-ils similaires ou différents?
- Comment devrait-on faire connaître les contributions de Tom Longboat et des transmetteurs en code cri aujourd’hui?
- Quelles ont été les conséquences des pensionnats autochtones dans les deux cas, le cas échéant?
Encouragez les élèves à recourir aux six concepts de la pensée historique.
Ressources
- Transmetteurs en code cri, L’Encyclopédie canadienne
- Les peuples autochtones et la Première Guerre mondiale, L’Encyclopédie canadienne
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