L’histoire du Canada comme vous ne l’avez jamais vue!
Confédération : le projet inachevé
Niveau : 5/6, Sec. I/Sec. II, Sec. III/Sec. IV (7/8, 9/10)
Sujet : Sciences sociales, histoire, français, études civiques
Ce plan de leçon est inspiré par l’article « Il était une fois… » du numéro de l’été 2017 de Kayak : Navigue dans l’histoire du Canada.
Aperçu de la leçon
Cette leçon porte sur les divers points de vue des participants aux débats entourant la Confédération, incluant celui de femmes, des Autochtones et d’autres groupes qui ont été écartés du processus. À l’aide de ressources primaires, les élèves devront interpréter les diverses perspectives sur la Confédération et s’imaginer comment se dérouleraient les discussions aujourd’hui, à la lumière de nos valeurs actuelles.
Temps requis
45 minutes x 5
Concept(s) de la pensée historique
- Établir la pertinence historique
- Analyser les causes et conséquences
- Utiliser des sources primaires
- Adopter une perspective historique
- Comprendre la dimension éthique des interprétations historiques
- Démontrer la continuité et le changement
Objectifs d’apprentissage
Les élèves pourront :
- Décrire les principaux participants aux débats entourant la Confédération des années 1860, et identifier les principaux groupes qui en ont été exclus.
- Résumer le point de vue de l’une des provinces ou des parties prenant part aux débats, incluant les pour et les contre d’une telle association.
- Décrire certaines des grandes idées qui sous-tendent les débats entourant la Confédération.
- Expliquer les préoccupations des groupes qui étaient exclus des débats, incluant les groupes linguistiques minoritaires, les femmes, les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
- Appliquer leur nouvelle compréhension des débats entourant la Confédération afin de créer leur propre caricature politique, illustrant un point de vue distinct sur cette union.
- Analyser comment les débats sur le statut de nation, l’inclusion et l’identité pourraient permettre d’identifier ceux et celles qu’il faudrait inclure aux discussions si la Confédération était aujourd’hui à l’ordre du jour.
- Recommander un nouveau modèle de Confédération moderne qui est plus inclusif et qui reflète mieux le Canada d’aujourd’hui.
Contexte
À la fin de l’été 1864, des délégués de la Nouvelle‑.cosse, du Nouveau‑Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard se réunissent à Charlottetown pour discuter de l’union possible des colonies des Maritimes. La délégation canadienne, dirigée par John A. Macdonald, George-Étienne Cartier et George Brown, s’invite à leur réunion. Les délégués canadiens font de leur mieux pour convaincre leurs homologues des avantages d’une union élargie et débattent des principaux arguments de leur initiative avec les délégués des Maritimes.
Après s’être entendus sur le principe d’une union coloniale, les délégués décident de poursuivre les discussions à Québec. En octobre 1864, ils se réunissent à la bibliothèque du Parlement de la province du Canada afin de débattre de deux grandes visions : une favorisant un gouvernement central fort et l’autre, l’autonomie des provinces.
Lors de la seconde conférence, 72 résolutions sont adoptées. Elles forment essentiellement la version provisoire de la Constitution. À l’issue de la Conférence de Québec, on demande aux délégués de les faire ratifier par leur assemblée législative respective. Le processus de ratification ne se déroule pas sans heurts. Comme ces publications le laissent entendre, la Confédération fait l’objet de débats enflammés dans les assemblées et les journaux. En Nouvelle-Écosse, Joseph Howe s’oppose à l’union dans une série de lettres ouvertes intitulée « The Botheration Scheme ». D’autres politiciens et journalistes publient des pamphlets incendiaires. Cependant, Thomas D’Arcy McGee, à Montréal, et Edward Whelan, à Charlottetown, défendent le projet de Confédération avec éloquence.
Une troisième conférence est convoquée à Londres, en Angleterre, le 4 décembre 1866. Ratifiées par les assemblées législatives de la province du Canada, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, les 72 résolutions de la Conférence de Québec devaient maintenant être révisées et validées par le gouvernement impérial. Un projet de loi intitulé Acte de l’Amérique du Nord britannique, qui est essentiellement la version écrite de la Constitution, est présenté aux deux chambres du Parlement britannique et approuvé. La reine Victoria reçoit ensuite les délégués à la cour et, le 29 mars 1867, donne sa sanction royale à la Confédération.
La Confédération désignait en fait l’union de colonies qui se considéraient aussi différentes que des pays éloignés les uns des autres. Et pourtant, les nations qui forment alors le pays que l’on appellera Canada ne sont pas toutes intégrées à cette union. Les Premières Nations avaient depuis longtemps signé des traités avec le gouvernement pour protéger leur amitié et maintenir de bonnes relations. Pour les Premières Nations, ces ententes signées étaient en quelque sorte des contrats dont la validité était permanente, ou à tout le moins, tant que le soleil brillerait et les rivières couleraient. Les Autochtones, ainsi que leurs territoires, sont mentionnés dans les 72 résolutions comme étant assujettis au pouvoir du gouvernement central. Les résolutions, ainsi que l’Acte de l’Amérique du Nord britannique qui crée la Constitution, ne désignent pas les Premières Nations comme formant une nation à part entière. La Confédération est signée sans leur consentement, ni même leur compréhension des enjeux qu’elle suppose, ce qui entraînera inévitablement de nombreuses violations de leurs droits.
En outre, la Confédération n’est pas un modèle de diversité. À l’époque de la Confédération, en 1867, les femmes ne pouvaient pas devenir politiciennes. Elles n’avaient même pas le droit de voter lors des élections fédérales. Ce n’est qu’en 1918 que les femmes sont autorisées à exprimer leur suffrage au niveau fédéral; elles devront attendre 1919 pour avoir le droit d’être élues à la Chambre des communes. La plupart des hommes jugent que les femmes sont incapables de participer aux affaires d’une société démocratique. Cependant, lors des conférences de Charlottetown, de Québec et de Londres, les femmes sont autorisées à accompagner leur mari ou leur père. Elles ont joué un rôle plus important dans le volet social de ces conférences. Mercy Ann Coles, qui accompagnait son père de Charlottetown à Québec, a consigné avec soin ses impressions sur l’événement dans son journal. Sarah Caroline Steeves, fille d’un délégué de la Nouvelle-Écosse, aurait confectionné un coussin avec la soie d’une robe qu’elle portait lors des bals de la conférence, en 1864. Malgré cette présence, le point de vue des femmes n’a pas beaucoup contribué à façonner ce pays en devenir.
La Confédération est adoptée : cette union des provinces a pour objectif de promouvoir le développement économique et de favoriser la sécurité et le bien-être des provinces, tout en garantissant la construction d’un chemin de fer national. Ce n’est pas une entente conclue par et pour le peuple, mais une entente qui intervient à l’issue de négociations et de compromis entre les provinces, au bénéfice de ces dernières.
Les activités
Activation
-
En équipes de deux ou en petits groupes (3 à 4), les élèves mentionnent tout ce qu’ils savent sur la façon dont le Canada a été fondé. Si personne dans le groupe n’a d’information à fournir à ce sujet, les élèves créeront un tableau où ils indiqueront ce qui s’est produit, selon eux. Les groupes communiquent ensuite leur version des événements au reste de la classe.
Les élèves regardent la Minute du patrimoine. En groupe de deux ou en petits groupes, on leur demandera de revoir leur information ou les histoires qu’ils ont créées en fonction de ce qu’ils ont appris en regardant la Minute du patrimoine.
Acquisition
- En petites équipes, les élèves cherchent de l’information de base sur la Confédération – qui, quoi, quand, où, pourquoi? (document 1 et site Web Confédération pour enfants).
- L’enseignant présente la caricature politique « La Confédération! » (annexe 1). La classe peut essayer de deviner qui a fait le dessin et ce qu’il signifie, avant que l’enseignant ne donne des explications.
(La caricature, publiée au Québec en 1864, représente la Confédération comme un présage de destruction. L’agneau sacrificiel de l’image représente le Québec en tant que sacrifice à l’hydre de la Confédération, montée par George Brown, un des Pères de la Confédération. Le caricaturiste prédit le déclin de la culture canadienne-française et montre les politiciens québécois adorant le monstre, au lieu de défendre l’agneau. Le texte d’accompagnement mentionne que le Québec sera détruit s’il se joint à la Confédération, qui mènerait à la destruction totale du patrimoine culturel, religieux et linguistique du Québec).
- Les élèves lisent « Il était une fois… » en tenant compte du point de vue des femmes, qui ont été écartées des débats entourant la Confédération.
- L’enseignant présente la médaille du traité (annexe 2). Les élèves peuvent essayer de deviner ce qu’elle représente et ce qu’elle signifie, avant que l’enseignant ne donne ses explications.
(Entre 1871 et 1921, la Couronne a conclu 11 traités numérotés avec des groupes situés dans les frontières territoriales du Canada. Les chefs des Premières Nations croyaient que les traités qu’ils signaient établissaient une relation de nation à nation, entre égaux, pour garantir la survie du groupe et son épanouissement futur).
- En petits groupes ou en classe, les élèves cherchent d’autres groupes qui auraient pu être écartés des débats entourant la Confédération.
Mise en application
- À l’aide des résumés ci-joints, les élèves devront créer leur propre caricature politique illustrant l’objection ou l’accord de leur province ou territoire avec la Confédération (selon la perspective décrite dans les documents distribués).
- Les élèves regardent à nouveau la Minute du Patrimoine et notent ce qu’ils changeraient pour mieux refléter la diversité dans ces débats et les difficultés d’en venir à un consensus.
- Les élèves participent à une discussion, en petites ou en grandes équipes, sur les groupes qui pourraient aujourd’hui être invités à prendre part aux débats entourant la Confédération, si le débat devait avoir lieu aujourd’hui.
Matériel/ressources
« Il était une fois… » du numéro de l’été 2017 de Kayak : Navigue dans l’histoire du Canada.
La Minute du patrimoine : Sir John A. Macdonald
Document 1 (à distribuer aux élèves)
Annexe 1: Caricature sur la confédération
Annexe 2: Médaille du traité
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