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Le Rêve de Champlain
Dans cet imposant ouvrage, David Hackett Fischer propose une biographie de Samuel de Champlain (vers 1570–1635), certainement la plus complète à ce jour. Le Rêve de Champlain porte évidemment sur ce grand navigateur et explorateur, le fondateur de la ville de Québec, qui a fêté son 400e anniversaire en 2008.
Fischer, gagnant du prix Pulitzer pour son ouvrage Washington’s Crossing, publié en 2004, essaie de déterminer qui était Champlain et ce qu’il a fait en adoptant une approche exhaustive et empreinte de générosité. Dans cet ouvrage volumineux, contenant de nombreuses annexes, Fischer présente Samuel de Champlain comme un visionnaire irrésistible qui a non seulement été le père du Canada français, mais également l’inspiration derrière le développement de l’Amérique du Nord française, où éthique et humanisme ont joué un rôle déterminant.
Fischer situe son œuvre entre les deux pôles qui servent généralement à décrire ce personnage. Il cherche à comprendre Champlain dans ce contexte et nous fournit de précieux renseignements sur ses origines, ses premières expériences et sa situation en tant que représentant des pouvoirs commerciaux et religieux, mais surtout des pouvoirs royaux, dans cette nouvelle colonie, la Nouvelle-France.
Pour Fischer, Champlain était un homme pacifique, à l’image des gens de son pays de Saintonge, sur la côte ouest de la France. Il grandit dans un univers dominé par l’océan Atlantique : il connaissait bien les ports français et espagnols et acquit une grande connaissance du Nouveau Monde au contact de marins anglais, hollandais, portugais et castillans. Champlain façonna ses propres techniques, en tant que navigateur et leader du Nouveau Monde, en s’inspirant de ces rencontres.
En plus de ses grands talents de navigateur (Champlain réussit plus de vingt-cinq traversées, souvent très rapides, de l’Atlantique, sans perdre un seul navire), Champlain représente le visage humain, tolérant et pluraliste du colonialisme, dans cette région du nord de l’Amérique du Nord. Ce n’est pas une idée nouvelle : John Saul, dans ses Réflexions d’un frère siamois (1998), décrit le concept d’une dynamique est-ouest reposant sur la tolérance et l’inclusion qui serait au cœur de l’expérience canadienne. Saul attribue cette dynamique à Champlain, comme le laissent supposer ses descriptions de la « tabagie », ou les rassemblements de Montagnais, d’Algonquins et de Français sur la plage de Tadoussac, en 1603.
Fischer, qui décrit ces réunions de Tadoussac comme le « siège de la nation », poursuit son développement en représentant Champlain comme un bâtisseur de nation tolérant, éclairé et doté d’une véritable vision. Champlain respectait ses homologues autochtones et voulait tisser des liens plus serrés entre ces derniers et les Français. Il savait s’imposer lorsque cela était nécessaire, mais n’agissait pas de façon arbitraire. Il déclencha des guerres, comme la campagne de 1609 contre les Mohawks, mais mena également de brillantes négociations, comme la capitulation pacifique de la colonie de Québec en 1629. Il s’employait à condamner les abus dont étaient victimes les Autochtones aux mains des Français, mais également à adoucir les mœurs de certaines tribus autochtones, qui comprenaient parfois la torture et le cannibalisme rituel.
Cet ouvrage complet de Fischer, agrémenté de cartes, de tableaux et d’illustrations, brosse un portrait convaincant d’un leader colonial idéal qui, ayant été témoin des brutalités de l’Inquisition en Nouvelle-Espagne, alors qu’il n’était qu’un jeune marin, s’est engagé à donner aux populations du Nouveau Monde un meilleur exemple de ce qu’est le gouvernement. Ce livre décrit les débuts solides, mais cependant tardifs, de la colonisation française qui, malheureusement, verra son avenir compromis.
Bien sûr, le rêve de Champlain est aussi le rêve canadien, celui d’une vision est-ouest pluraliste, tolérante, juste et multilingue. Fischer alimente par cet ouvrage l’imaginaire canadien et rend un superbe hommage à un de nos héros préférés, quatre fois centenaire.
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