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Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, volume III: De 1918 à 1980
En 1997, un groupe d’universitaires, commandités par la Société bibliographique du Canada, a organisé une conférence à la Bibliothèque nationale du Canada dans le but ambitieux de raconter une histoire nationale du livre. L’histoire du livre avait alors le vent dans les voiles, et des auteurs de nombreux pays anglo-saxons avaient déjà publié des ouvrages sur leurs histoires nationales.
Patricia Fleming et Yvan Lamonde, les éditeurs de la version canadienne de cette grande entreprise, ont pensé à un projet collaboratif qui comprendrait trois grands volumes, chacun publié séparément en anglais et en français, débutant avec la tradition orale des peuples autochtones avant l’ère de la Nouvelle-France et se terminant par le premier référendum sur la souveraineté du Québec et la domination des médias imprimés à l’échelle mondiale par des multinationales de l’édition. Le volume intitulé Histoire du livre au Canada témoigne bien du succès de ce projet, qui prouve que l’histoire de l’écriture, de la lecture, de la publication et de la diffusion des livres au Canada mérite d’être racontée, malgré nos deux solitudes linguistiques, les obstacles régionaux et provinciaux et l’absence d’auteurs de l’envergure de Shakespeare ou de Cervantes.
Le volume trois de l’Histoire du livre au Canada comprend sept parties divisées en dix-huit chapitres. Chaque partie aborde un vaste thème, comme l’influence culturelle des livres et des médias imprimés sur la société canadienne, la paternité d’une œuvre littéraire, la publication sous diverses formes et pour différents publics, la distribution, la production et la lecture. Certains chapitres contiennent des essais de longueurs diverses, ponctués de courtes études de cas individuelles. Pour ceux qui préfèrent une approche plus linéaire, les éditeurs ont ajouté une chronologie, une liste des sources citées, de nombreuses illustrations en noir et blanc, des tableaux, des cartes et des tableaux, des renseignements biographiques sur plus de 100 collaborateurs et un index exhaustif.
Le volume se termine par un épilogue dans lequel les éditeurs Carole Gerson et Jacques Michon abordent brièvement les développements survenus depuis 1980, une période marquée par les nouvelles technologies, la fin de la censure sous sa forme traditionnelle, les grandes chaînes de librairies, la résurgence de la propriété étrangère dans le monde du livre, le multiculturalisme croissant et la reconnaissance internationale des auteurs canadiens.
D’un côté, compte tenu de la vaste portée du contenu et de la richesse des données statistiques, ce volume de l’Histoire du livre au Canada nous est présenté comme un outil de référence exhaustif et non dénué de style. On y trouve des textes bien ficelés sur le commerce et la publication à l’échelle régionale, les organisations de libraires, le graphisme, le livre dans la publicité, la littérature pour enfants et les bibliothèques universitaires, par exemple. Les études de cas nous brossent un tableau fort utile sur une vaste gamme de sujets tous plus passionnants les uns que les autres : les livres écrits par Leslie McFarlane sous un pseudonyme, les livres Harlequin et les classiques de la littérature canadienne-française publiés par Fides, par exemple.
D’un autre côté, de nombreux textes, comme « Imprinting the Nation in Words » d’A. B. McKillop sont de nature conceptuelle et portent sur les véhicules de la communication et les impulsions contradictoires qui soustendent les valeurs canadiennes. « Reading on the “Rez” » de Brendan Frederick R. Edwards jette un nouveau regard sur l’analyse de la lecture et de la littératie chez les Autochtones. Certains textes juxtaposent l’expérience française et anglaise. Clarence Karr, dans «Autobiographies of Reading : L. M. Montgomery and Marcel Lavallé », examine les points de comparaison de ces deux grandes cultures linguistiques en se penchant sur les habitudes de lecture d’un grand auteur et celles d’un homme d’une région rurale du Québec qui a passé la majeure partie de sa vie adulte en prison.
Dans l’ensemble, les textes du volume trois de l’Histoire du livre au Canada sont succincts, faciles à lire et sont le fruit d’une recherche approfondie. Les textes sont érudits, sans être rébarbatifs, même si le circuit de communication de Robert Darnton et d’autres modèles théoriques sur l’histoire du livre laissent deviner leur présence en arrière-plan. On y trouve des textes solides de George L. Parker, Mary Vipond et Frank Davey sur la publication par succursales, les médias de masse, et l’économie et l’auteur, respectivement. Le volume ne remplace pas, mais complète d’autres ouvrages, comme celui de Roy Mac- Skimming The Perilous Trade : Book Publishing in Canada 1946–2006 et celui de Michon Histoire de l’édition littéraire au XXe siècle.
La réalisation de l’Histoire du livre au Canada est un bel exemple d’érudition. Cet ouvrage n’a rien à envier à d’autres grands projets comme le Dictionnaire biographique du Canada et l’Atlas historique du Canada.
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