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Les Latino-Américains à Montréal
La catégorie sociodémographique « Latino-Américain » est un concept utilisé couramment dans les sciences sociales pour désigner les personnes originaires ou ayant des ascendants de l’un des 20 pays de l’Amérique latine, dont le Brésil.
Selon les archives des consulats, des personnes provenant d’Amérique latine vivaient déjà à Montréal dans les années 1930, cependant c’est à partir de la fin des années 1950 qu’elles s’y sont progressivement établies.
Entre 1946 et 1955, 1893 immigrants d’origine latino-américaine sont recensés au Canada. Les données statistiques et les études des spécialistes en immigration n’indiquent pas leur lieu de résidence mais, historiquement, la plupart des immigrants se concentrent à Toronto et à Montréal.
Trois vagues migratoires ont contribué à la constitution de la communauté latino-américaine montréalaise.
Les vagues migratoires
La première vague migratoire se situe entre la fin des années 1950 et l’année 1972. Elle comprend surtout des étudiants, des immigrants indépendants et des travailleurs qui viennent du Chili, de l’Argentine, de la Colombie et du Pérou.
Ils sont venus dans le cadre d’un programme spécial de recrutement de la main-d’œuvre qualifiée.
La deuxième vague a débuté en 1973, à la suite des coups d’État au Chili et en Uruguay, et prend fin en 1990.
À cause d’une forte pression des organisations de défense des droits de la personne, le Canada met en place un programme d’accueil concernant les réfugiés latino-américains fuyant les dictatures et les guerres.
Cette vague amène principalement des réfugiés chiliens, argentins, uruguayens et centroaméricains, particulièrement guatémaltèques, nicaraguayens et salvadoriens.
La troisième vague est comprise entre 1991 et octobre 2011, moment où le gouvernement canadien supprime la catégorie « personnes de pays source » du système de protection des réfugiés concernant les personnes habitant dans des pays touchés par des guerres civiles.
Cette mesure a permis à un grand nombre de Colombiens, de Guatémaltèques et de Salvadoriens d’immigrer au Canada, en tant que réfugiés pour des raisons humanitaires liées au haut niveau d’insécurité civile de leur pays.
La majorité des Latino-Américains issus d’autres pays et installés à Montréal durant cette période sont venus pour des raisons diverses, notamment les crises économiques cycliques touchant leur pays, les transferts de main-d’œuvre du sud vers le nord et la réunification familiale.
C’est en premier, l’employabilité, même de façon informelle, et la mobilité sociale qui les attirent. Deuxièmement, la présence d’un plus grand nombre de Latino-Américains à Montréal que dans le reste de la province contribue à l’intégration des immigrants grâce au réseau social ethnique existant. Enfin, certains immigrants, d’abord installés ailleurs qu’au Canada, choisissent ce pays pour légaliser leur statut.
Lieux de résidence et insertion
La grande majorité des Québécois d’origine latino-américaine résident dans la région métropolitaine de Montréal. Cependant, la quasi-totalité d’entre eux (93,8 %) demeure dans la ville de Montréal.
Ils se concentrent principalement dans les arrondissements de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (15,3 %), de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (10,5 %) et de Rosemont–La Petite-Patrie (8,2 %).
Les modalités d’insertion urbaine des Latino-Américains montréalais sont hétérogènes. D’un côté, la présence de processus de fermeture ethnique est évidente : des individus et des ménages restent dans un cercle très attaché à ses racines; ils utilisent leur langue d’origine pour communiquer et travailler et ont un contact minimal avec la vie extérieure.
D’un autre côté, des individus et des ménages s’éloignent de leur entourage ethnique et développent des processus d’insertion très peu liés à leur pays d’origine ou à leurs compatriotes installés sur place.
Il est important de noter que les motifs de l’immigration des Latino-Américains à Montréal aux trois moments clés cités plus haut ont fortement influencé leur intégration.
Même si les immigrants d’origine latino-américaine sont dispersés partout dans la ville, leur appropriation de l’univers urbain s’est faite au travers de la fréquentation de lieux d’expression identitaire.
Il s’agit de commerces distribuant des produits provenant des pays d’origine, de lieux de culte hispanophones, mais aussi de lieux de loisir et de rencontre tels que les restaurants, les associations culturelles, les discothèques et les festivals ethniques.
Notons le festival Week-ends du monde au parc Jean-Drapeau, où chaque été les Latino-Américains célèbrent la fête nationale de leur pays d’origine.
En général, ces rassemblements constituent des lieux d’expression identitaire pour soi et pour autrui, puisqu’ils ont un rôle fonctionnel et symbolique.
Ils peuvent être identifiés comme des lieux d’articulation entre deux univers, car leurs dynamiques, dépassant l’approche territorialisée, se fondent sur des relations sociales établies entre les membres de différentes communautés.
Leur fréquentation rattache les individus autant à leur pays d’origine qu’au milieu métropolitain montréalais, en permettant de créer, et de recréer, des liens avec les compatriotes, ainsi qu’avec les ressortissants d’autres pays d’Amérique latine et du monde.
Ligia Legault et la communauté colombienne montréalaise
Ligia Legault est une des premières personnes d’origine colombienne installées au Québec. Elle affirme qu’au moment de son arrivée, le 20 juillet 1957, les communautés colombiennes de Montréal et Toronto ne dépassaient pas, ensemble, une centaine d’individus.
Malgré des circonstances douloureuses qui ont marqué le début de sa vie au Canada, avec le décès de son époux, madame Legault a pu sortir d’une situation difficile et a réussi à s’intégrer dans la société québécoise.
Dans la vidéo, elle nous offre un aperçu de la communauté colombienne montréalaise.
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Cet article fait partie d’une série d’histoires portant sur l’immigration. Elles furent recueillies, rassemblées et publiées par le MEM — Centre des mémoires montréalaises.