L’histoire du Canada comme vous ne l’avez jamais vue!
Bien de chez nous : des innovations ludiques
Croquignole
Ce jeu, qui compte sans doute de nombreuses versions partout dans le monde, aurait été inventé dans le sud-ouest de l’Ontario. La plus vieille planche de croquignole connue a été créée en 1876 à Sebastopol, en Ontario, par Eckhardt Wettlaufer, qui l’a offert en cadeau d’anniversaire à son fils de cinq ans, Adam.
Wettlaufer était bien connu pour son travail de menuisier, et plus particulièrement pour ses talents de décorateur de traîneaux et de chariots. Il avait également obtenu un brevet pour un pressoir à cidre.
D’autres planches de croquignole de cette époque ont été retrouvées dans la même région de l’Ontario, même si le jeu a été breveté à New York en 1880.
Le jeu de croquignole se joue sur une planche ronde ou octogonale par deux joueurs ou équipes. Les joueurs donnent des chiquenaudes sur des jetons pour tenter d’écarter les jetons de leurs adversaires et de rapprocher le plus possible leurs propres pièces du centre de la planche. La forme octogonale permettait de ranger la planche contre un mur sans qu’elle ne roule.
Le mot croquignole décrit l’action de donner une pichenette ou chiquenaude avec le doigt. Des versions similaires du jeu, dont le jeu de galets britannique et le carrom d’Asie, sont considérées comme ses précurseurs.
Le championnat mondial de croquignole se tient chaque année à Tavistock, en Ontario, près de Sebastopol.
— Sandy Klowak
Masque de gardien de but
L’histoire du gardien de but de la LNH, Jacques Plante, gravement blessé au visage par une rondelle et revenant au jeu portant un masque protecteur, est une véritable légende, mais Bill Burchmore, l’homme derrière cette pièce d’équipement en fibre de verre qui a révolutionné le hockey, est moins bien connu.
Burchmore, qui travaillait pour Fiberglass Canada, a vu Plante prendre une rondelle en plein visage en 1958 et est resté marqué toute la nuit par l’image du joueur, sonné et ensanglanté. À partir d’une tête de mannequin, il commence à expérimenter avec de la toile de fibre de verre et de la résine de polyester.
Plante avait déjà porté des masques et résistait, au départ, à l’idée de Burchmore, mais il céda à la pression du personnel médical des Canadiens de Montréal. À l’été 1959, Burchmore fait un moule en plâtre du visage de Plante. Il y applique ensuite des couches de toile de fibre de verre imbibées de résine de polyester pour obtenir un masque léger, presque incassable et d’une épaisseur de seulement trois millimètres.
Plante porte son masque pour la première fois le 1er novembre 1959. Tout au long des années 1960, le masque gagne en popularité auprès des gardiens de but et change la nature même du jeu. Les gardiens de but n’ont plus à rester toujours debout et peuvent se rapprocher de la glace sans craindre d’être blessés au visage.
— Neil Babaluk
Imax
Ce grand format cinématographique que l’on voit maintenant dans les cinémas du monde entier a vu le jour à l’Office national du film du Canada et est le fruit des avancées réalisées dans le cadre de l’Expo 67, à Montréal. Graeme Ferguson et Roman Kroitor étaient tous deux stagiaires à l’ONF. Ce dernier a obtenu un poste à l’Office et a proposé un film expérimental projeté sur plusieurs écrans pour l’Expo. Ferguson travaillait alors comme cinéaste indépendant et on lui avait commandé un film pour l’Expo 67. Il a alors créé une compagnie de production avec un ancien camarade de classe de Galt, en Ontario, Robert Kerr.
À l’Expo 67, les projections du film expérimental faisant appel à plusieurs écrans et projecteurs selon différentes positions connurent un immense succès et la compagnie Fuji demanda à Kroitor de participer à l’Expo 70 à Osaka, au Japon. Avec Ferguson, il discuta de la possibilité d’utiliser un seul projecteur pour améliorer la qualité de l’image et limiter la complexité du processus. Avec Kerr, il créa la Multiscreen Corporation, qui changea rapidement de nom pour IMAX.
L’entreprise, qui perfectionna des techniques développées en Norvège et en Australie, et avec l’aide d’un autre camarade d’école de Galt, Bill Shaw, réussit à créer un projecteur grand format et une caméra juste à temps pour présenter le film Tiger Child à Osaka.
L’année suivante, le premier cinéma permanent IMAX ouvrira ses portes à Ontario Place, à Toronto.
— Phil Koch
Lacrosse
Le jeu de lacrosse, au rythme rapide, exigeant des réflexes rapides et une grande habileté au maniement de la balle, a probablement vu le jour dans les années 1300 ou 1400 chez les Hurons, les Algonquins et les Iroquois. Malgré sa popularité parmi les Premières Nations, et ce, jusqu’au Mexique, seul le Canada en fait un sport officiel en 1859. Le Parlement réitère son statut de sport d’été officiel en 1994.
Les premières parties de lacrosse, également appelé baggataway (« hanches qui s’entrechoquent » en algonquien) ou tewaarathon (« petit frère de guerre » en langue iroquoise), se déroulaient du lever du jour au coucher du soleil, parfois pendant plusieurs jours. Ce jeu, qui faisait à la fois office de rituel religieux, de formation militaire et de négociation intertribale, avait lieu en plein air. Les buts étaient à environ un kilomètre de distance et les équipes pouvaient compter des centaines de joueurs. Les bâtons faisaient environ un mètre de long et étaient dotés de petits filets pour attraper et retenir une balle faite de peau de chevreuil ou une pierre.
Le missionnaire jésuite français, Jean de Brébeuf, appellera le jeu « la crosse » parce que les bâtons évoquaient la crosse des évêques. Vers les années 1840, les Français et d’autres colons adoptèrent le jeu et modifièrent les règles pour réduire le nombre de joueurs, raccourcir les bâtons et limiter la taille des terrains. Lacrosse est un mélange des cultures européenne et autochtone, mais il faudra du temps avant que les équipes de colons ne réussissent à battre les Premières Nations à leur jeu!
— Danielle Conolly
WonderBra
Grâce à Louise Poirier et à la Canadian Lady Corset Company de Montréal, les femmes canadiennes découvriront les soutiens-gorge lacés et pigeonnants bien avant qu’ils ne deviennent un article de mode indispensable pour les femmes d’Europe et des États-Unis. Les soutiens-gorge que l’on connaît aujourd’hui remontent au début du 20e siècle et le modèle pigeonnant sera lancé dans les années 1940. Mais c’est le modèle de Louise Poirier datant des années 1960 (et breveté en 1971), commercialisé par le fondateur de la compagnie, Moe Nadler, qui transformera véritablement l’industrie.
Après avoir acheté les droits pour mettre en marché une version antérieure et bien différente de la « Wonder-Bra », la compagnie décide de retenir le terme WonderBra pour vendre la création de Louise Poirier. Elle vante la « précision technique » de ce soutien-gorge et ses 54 autres particularités. Alors que les femmes délaissent les gaines et le côté purement fonctionnel des sous-vêtements, les publicités à la télévision présentent la WonderBra comme un symbole de jeunesse, de beauté et de liberté retrouvée.
Au début des années 1990, les tendances de la mode et la concurrence au sein de l’industrie entraînent une véritable explosion des ventes, en premier lieu au Royaume-Uni, et ensuite lors de la relance du soutien-gorge aux États-Unis, en 1994, par la Sara Lee Corporation. Un article du San Francisco Chronicle lors de la « guerre des soutiens-gorge » pose la question : « Est-ce que Wonderbra sauvera le monde? » Plus tard, dans un sondage réalisé en 2008 auprès des femmes du R.-U., ces dernières en font la plus grande innovation mode de tous les temps.
— Phil Koch
Barre de chocolat aux noix
Comme l’a si bien dit Platon, « la nécessité est mère de l’invention ». Et qu’est-ce qui pourrait être plus nécessaire, et satisfaisant, qu’une barre de chocolat lors d’une expédition de pêche?
Gilbert et James Ganong lancent l’usine de friandises Ganong Brothers Ltd. à St. Stephen, au Nouveau-Brunswick, en 1873.
Le fils de James, Arthur Ganong, et son ami George Ensor, un confiseur de la compagnie Ganong, voulaient se régaler de chocolat pendant leurs voyages de pêche, tout en évitant les dégâts inévitables engendrés par cette douce confiserie. En 1910, ils concoctent un mélange de fondant blond et de noix de coco, recouvert du meilleur chocolat de Ganong et d’arachides.
Ils ne se doutaient pas du succès immédiat qu’aurait cette friandise, humblement emballée de papier cellophane et vendue au prix de cinq sous. La barre chocolatée aux noix devient une collation pratique, non seulement pour les pêcheurs, mais aussi pour les soldats qui se rendent au front lors de la Première Guerre mondiale. En 1920, son emballage est redessiné et on la rebaptise Pal-o-Mine, un nom qui évoque les valeurs de loyauté et de fidélité.
Même si le confiseur américain Milton S. Hershey produit une barre de chocolat à peu près à la même époque, c’est un Canadien qui crée la première barre chocolatée aux noix, aussi populaire aujourd’hui qu’à ses premiers jours.
— Beverley Tallon
Poutine
La poutine est un mets riche et susceptible de boucher vos artères, mais tout simplement délicieux, et si vous êtes Canadien, vous en avez sans doute déjà dégusté quelques-unes. Cette gourmandise québécoise, composée de frites recouvertes de « crottes de fromage » et de sauce brune, fait maintenant partie de l’identité culturelle canadienne.
Même si la popularité de ce mets réconfortant n’est plus à prouver, ses origines restent nébuleuses, plusieurs chefs et restaurateurs québécois en revendiquant la paternité.
Fernand Lachance de Warwick, au Québec, a souvent été considéré comme le créateur de la poutine. Selon la petite histoire, en 1957, un camionneur se serait présenté dans son restaurant, le Lutin Qui Rit, et aurait commandé des frites. En voyant des crottes de fromage sur le comptoir, il aurait demandé à Lachance de les ajouter à ses frites et de verser le tout dans un sac.
Lachance remplit la commande de son client, mais qualifie cette concoction de « maudite poutine » (ou beau dégât). Il commencera à ajouter de la sauce brune à ce mélange en 1964.
Jean-Paul Roy revendique aussi la paternité de ce mets et l’aurait servi dans son restaurant de Drummondville, Le Roy Jucep, dès 1956, mais sous un autre nom. Il portait à l’origine le nom évocateur de « fromage-patate-sauce » et répondait à la demande de ses clients qui voulaient ajouter du fromage à leur patate-sauce régulière.
En 1964, Roy changera le nom pour poutine, inspiré du mot pouding, un terme populaire dans son restaurant désignant un mélange quelconque.
Peu importe qui a inventé ce délicieux mélange, la poutine est véritablement un régal canadien.
— Sandy Klowak
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