Transcription textuelle de la vidéo Expo 67

L'idée de tenir l’Expo 67 sur une île inventée au beau milieu du fleuve Saint-Laurent fut mal accueillie à l’époque et il y a des gens toujours aujourd'hui qui trouvent l'idée complètement idiote.

On a d'abord pensé à faire l'exposition à Pointe-aux-Trembles, à Pointe-Saint-Charles… Ma proposition préférée était le prolongement rue University en plein fleuve avec des édifices à bureaux dans lesquels on tiendrait l’Expo.

Mais finalement c'est Guy Beaudet qui propose qu'on utilise l'île Sainte-Hélène et même là c'était une idée recyclée. On avait proposé dès 1895 de tenir des expositions et des foires sur l'île Sainte-Hélène, et en 1935 on voulait déjà agrandir l'île Sainte-Hélène en la liant aux îles environnantes – l’île Verte, l'île Ronde et c'est la proposition de Guy Beaudet qui sera acceptée, alors on va agrandir l'île Sainte-Hélène, on va construire de toutes pièces l'île Notre-Dame et on va prolonger une jetée du port pour créer la Cité du Havre.

Il y a une légende urbaine qui veut que tout le remblai qui a servi à l'agrandissement de l'île Sainte-Hélène et la construction de l’île Notre-Dame soit venu de la construction du métro.

C’est tout à fait faux il n'y a qu'à peu près 10%. On a dragué dans le fleuve, on a dynamité l’île Verte et l'île Ronde, et tout ce remblai était véhiculé par camion qui transportait 35 tonnes de remblai par voyage sur le pont Jacques-Cartier, vingt-trois heures par jour.

Que fait-on la 24e heure? Nous inspectons le pont, juste au cas! Une fois les îles construites pour construire l'Expo, les pavillons, toute l'infrastructure, on procède par un procédé qui s'appelle le cheminement critique, alors toute la planification se fait de reculons.

On part de la date d'ouverture de l'Expo et puis on donne un temps X pour l’inspection des pavillons, avant ça un temps X pour l'installation des expositions, avant ça à un temps x pour la construction des petits pavillons, avant ça un temps X pour le début de la construction des pavillons moyens, et avant ça la construction des grands pavillons.

Comme ça, on n’a pas de la machinerie lourde partout sur le site érigeant tous les pavillons en même temps. De toute façon, il n'y aurait pas eu, en 1967, assez de machinerie lourde dans tout le Canada pour construire tous les pavillons de l'Expo en même temps. Plus de 60 pays et quelques douzaines de compagnies privées ont construit des pavillons sur le site de l'Expo.

Alors, les pays — on prend le Canada, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, etc. Parmi les compagnies, il y avait Kodak qui avait son propre pavillon, l'association du téléphone qui avait son propre pavillon, et bien d'autres. Alors les visiteurs se rendent sur le site visiter ces pavillons, et ils ont deux choix pour l'entrée : soit ils passent par l'entrée formelle officielle qui était la place d'accueil, où ils passent par le tout nouveau métro, la Gare île-Sainte-Hélène.

Pour se promener sur le site, il y avait tous les moyens de transport imaginables : il y avait des bateaux dans les canaux du site, il y avait un train rapide genre métro qu’on appelait l’Expo Express, il y avait un petit train monorail plus lent qu'on appelait le Minirail, il y avait les Pédicab qui sont des genres de poussepousses à bicyclette.

Alors tous les transports y étaient et, pour circuler, sur le site les gens avaient bien sûr leur guide officiel qui décrivait tous les pavillons, et même un plan en trois dimensions pour s'orienter sur le site.

Ceux-ci, après être entrés grâce à leurs passeports, qu'ils pouvaient ensuite faire « étamper » dans les pavillons qu’ils visitaient.

Les pavillons les plus appréciés ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit.

Selon un sondage de la compagnie de l'Expo le pavillon le plus apprécié des visiteurs est celui de l'association de l'industrie du téléphone, suivi de celui de la Tchécoslovaquie.

Ensuite le labyrinthe, le pavillon de l’ONF, et le pavillon du canada arrive en huitième position dans ce top 10.

Il y a eu à l'Expo plus de 50 millions de visites faites par entre 18 millions et demi et 20 millions de personnes. Il y a eu un grand nombre de dignitaires — les présidents, premiers ministres, etc. — de tous les pays qui participaient à l’Expo. Il a eu des vedettes de toutes les sortes : vedettes de cinéma, de musique — Ed Sullivan a tourné deux épisodes de sa célèbre émission sur le site de l'Expo. Il y a eu une grande variété de repas servis dans les pavillons.

C'est d'ailleurs ce qui a ouvert là l’appétit des Montréalais pour un menu un peu plus international que ce à quoi ils étaient habitués, et il y a eu un phénoménal festival informel de cinéma à l'Expo 67. Des films présentés en 360 degrés — c'est d'ailleurs ce qu'ils faisaient du pavillon du téléphone un grand chouchou des visiteurs.

On était au milieu de la salle et tout autour de nous c'était un film qui était présenté comme si nous étions au milieu de la scène. Il y a eu des films présentés sur des blocs qui bougeaient, des films multi-écrans, même des films présentés sur miroir En partie inspiré par un manque de temps, le thème de l'Expo 67 — Terre des Hommes — était très vague.

Terre des Hommes; ce pouvait être n’importe quoi!

Alors, les Américains dans leur pavillon, en plus d'un étage avec leur course à la lune, n'avaient que du divertissement. C'était des affiches de cinéma, c'était la guitare d’Elvis, c'était des tableaux peints.

Les Russes, tout près, misaient sur la science et la technologie.

La Jamaïque, c'est un grand bar. Sur les deux documents que je connais du pavillon de la Jamaïque, il y a un tout petit document de rien du tout qui décrit la Jamaïque et son pavillon. L'autre document fait un pied de large, et complètement déplié, cinq pieds de long. C'est leur menu de drinks au rhum.

Alors le thème Terre des Hommes, ça offrait la possibilité aux participants de présenter n'importe quoi, alors que les expositions précédentes avec un thème très pointu.

L'appellation Expo, cet abrégé du mot exposition, c'est nous qui l'avons inventé, et toutes les expositions internationales depuis 1967 s'appelle Expo, et notre plus grande réussite c'était le passeport.

Aucune autre exposition avant 1967 n’avait eu un passeport. Et c’est quoi le génie du passeport ? C’est le billet d'entrée, mais ça encourage les gens d'aller visiter les pavillons qu’ils n'auraient pas autrement visités, simplement pour faire étamper leur passeport.

L'Expo 67 nous a laissé beaucoup d'infrastructures. Infrastructures à l'extérieur du site, par exemple un réseau routier amélioré, agrandi — pensons à l'autoroute Bonaventure — mais aussi sur le site même de l'Expo 67, les îles inventées, on les a laissées.

Alors, c'est maintenant un grand parc. On a aussi gardé certains pavillons : pensons par exemple au pavillon des États-Unis qui est maintenant un musée, la biosphère.

Il y a aussi une ouverture sur le monde des Montréalais, des Québécois. Une ouverture sur le monde autant pour aller visiter le monde, mais aussi pour accueillir les étrangers chez nous, que ce soit des visiteurs ou des immigrants.

Et le dernier facteur qu’il ne faut jamais oublier : la fierté des Montréalais, la fierté des Québécois, la fierté des Canadiens d'avoir réussi en quatre ans et demi à construire une exposition que d'autres pays avaient mis dix ans à construire.

Et l'exposition de 1967 fut la plus réussie de toutes les expositions jusqu'à cette date.

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